« J’ai passé la majeure partie de mon adolescence dans des hôpitaux, des centres de désintoxication et des maisons de transition. » Sam Levinson créateur de la série Euphoria ne s’en cache pas l’histoire de la série c’est aussi la sienne ; mais jusqu’où l’autobiographie peut tenir sans perdre son audience. Spoiler : pas très loin.
Euphoria met en scène des lycéens confrontés à des problèmes en tous genres : drogues, alcool, sexe et violence. Le point d’ancrage de la série est Rue Bennett, personnage principal. Elle souffre d’anxiété, de dépression et d’addiction. Diffusée depuis 2019 sur HBO, la série a rapidement conquis le public par son casting, son esthétique cinématographique (rarement vu pour une série) et la bande sonore.
Inspiré de faits réels
Sam Levinson est Rue Bennett : « vers l’âge de 16 ans, je me suis résigné à l’idée que la drogue finirait par me tuer et qu’il n’y avait aucune raison de lutter contre elle. J’allais la laisser m’envahir, et j’étais en paix avec cela ». La saison deux d’Euphoria retranscrit parfaitement l’expérience du producteur, sauf que cette fidèle retranscription à un coût. Arrivé au milieu de la saison deux, la narration ne tient plus qu’à un fil. On se perd dans des storylines mineures sur des personnages secondaires comme celle du Cal, le père de Nate. Ou encore dans la relation entre Cassie et Nate qui entre nous n’apporte fondamentalement rien à l’histoire. L’effondrement de la cohérence de la série peut être attribué à la descente aux enfers de la narratrice Rue, qui s’enfonce un peu plus chaque jour dans son addiction. Dès le début de la série, on savait que ça n’allait pas être une énième histoire de rédemption : « I have to intent to get clean » proclame Rue.
Dans sa volonté de réalisme, Sam Levinson s’affranchit de ce qui a fait la force de la série : la narration focalisée. La saison 1 nous vendait une production à la Skins où l’on suit un personnage différent à chaque épisode. Le tout pour former une narration complexe mais structurée assurée par Rue. Les effets cinématographiques qui accompagnaient si bien l’histoire durant la première saison apparaissent maintenant comme lourd et inopiné. L’œuvre de Sam Levinson semble s’effondrer sous nos yeux. En s’éloignant du traitement au cas par cas, la série perd également toute sa force d’attraction.
Il reste à Euphoria quatre épisodes pour renverser la tendance d’une saison ratée. Toutefois, la série sait se maintenir à flot, grâce à son sens du symbolisme, de la mise en scène et de l’effet de choc scène après scène. La série reste donc le rendez-vous du dimanche soir.
Belle critique objective de la série tout en sachant prendre de la hauteur
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