Refaire un film classique avec les mêmes personnages et le même scénario des années après ou encore utiliser le sentiment de nostalgie sur une audience qui n’a pas vécu les années 80, c’est ce que l’on appelle faire du Nostalgia Baiting.
Pour ceux qui n’ont jamais regardé le série (comment est-ce possible) voici un petit résumé : Nous sommes en novembre 1983 dans la petite ville d’Hawkins en Indiana où tout le monde se connaît. Un incident particulier déclenche une série d’événements qui mènent à la disparition d’un enfant. Sa mère, un chef de police et ses amis doivent affronter des forces surnaturelles terrifiantes pour le retrouver tandis que des agences gouvernementales obscures convergent vers la ville. Dans cette paisible ville il se passe donc plus de choses qu’il n’y paraît.
The 80’s mania
Selon le centre national des ressources textuelles et lexicales (Cnrtl) la nostalgie est souvent perçue comme le regret mélancolique d’une chose, d’un état, d’une existence que l’on a eu(e) ou connu(e); désir d’un retour dans le passé mais ça peut être tout aussi bien d’une existence que l’on n’a pas eu(e) ou pas connu(e); une sorte de désir insatisfait. Le choix des années 1980 dans la série est murement réfléchis, en multipliant les références à une époque qu’ils n’ont pas connue Stranger Things surfe sur ce sentiment nostalgique.

C’est l’une des raisons pour lesquelles Stranger Things est l’un des plus gros succès de Netflix. Depuis son arrivée sur nos écrans en 2016, la série est l’une des premières à utiliser le nostalagia-baiting à destinations d’un jeune public. Elle nous plonge dans l’univers des années 80 : talkie-walkie, walkman, coupe mulet, tenue ultra colorée, short très court, grandes chaussettes et musique de la période comme le classique Running up that Hill (1985) utilisé lors de la saison 4.

La série fait aussi référence à de nombreux films sortis dans les années 1980. Lorsque dans l’épisode 1 de la saison 4 Suzie hack dans le système informatique de l’école de Dustin pour changer son bulletin de notes, cette scène fait référence à une scène du film War Games (1983).


Ces références servent à ancrer la série dans des années 80. Les tendances des années 80 refont surface au XXIème siècle par le biais de productions culturelles. Les séries comme Stranger Things participent à ce marketing de masse. La collection Adidas x Stranger Things en est la preuve.
La série nous fait également vire ou revivre certains faits historiques comme le « satanic panic » qui secoue l’Amérique en 1980. Pendant la saison 4, les protagonistes rejoignent le club du jeu Donjons et Dragons de leur lycée : le Hell Fire Club. Lorsqu’une série de meurtres surviennent dans la ville, les habitants accusent les membres du Hell Fire Club à cause de leur jeu du « démon ».

Toutefois, cette référence reste légère. La série revisite l’époque à sa façon et nous donne à voir une version fantasmagorique d’une époque révolue.
Et le public dans tout ça ?
Si certains ne sont pas fan de ce genre de procédés comme Alizée 21 ans : « les années 80 c’est trop loin et pas assez en même temps. Les années 50 j’aime bien parce que je n’ai pas connu alors que les années 80 c’est l’époque de mes parents donc en quelque sorte je connais déjà« .
Pourquoi d’autres adorent ce types de séries ?
Souvent, lorsque les jeunes spectateurs consomment ce genre de série basée dans les années 80, ils sont soumis à ce que l’on appelle compensatory consumption (consommation compensatoire). Le spectateur s’immerge dans la culture pop des années 1980 pour faire face son affection nostalgique sentimentale pour cette période du passé. La consommation de produits et de services dignes des années 1980 leur permet de prétendre qu’ils ont réellement fait partie de cette période historique. Le manque de l’estime de soi, le manque de contrôle sur son époque et le manque d’appartenance sont les trois principales motivations qui poussent à la consommation compensatoire. Comparé à leur époque qui n’inspire pas le renouveau et la liberté pour la génération Z, l’époque de leur parent est une sorte de fantasme où tout est possible.